Le «suicide assisté» relève-t-il de la liberté individuelle?

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Une nouvelle loi dite "sur l'accompagnement en fin de vie" sera soumise au parlement valaisan dans la semaine du 8 février 2021. Mais le contenu de cette loi s'attache surtout à définir le "suicide en fin de vie", qui occupe les deux tiers du texte de cette loi.

Le but est de légaliser le «suicide assisté», plus seulement dans les EMS, mais dans toutes les institutions sanitaires et/ou sociales du canton. Cette légalisation est prônée au nom d’une soi-disant «liberté individuelle», définie ainsi dans l'article 1 alinéa 3:

«Toute personne a le droit d’exercer sa liberté personnelle pour mettre fin à ses jours dans la dignité»

Tout le monde s’agenouille béatement devant cette pseudo «liberté individuelle», même celles et ceux qui prétendent lutter contre la légalisation du «suicide assisté» proclamant, la bouche en cœur: «nous sommes contre le suicide assisté mais, bien entendu, nous reconnaissons que c’est une liberté individuelle.»

Or la notion de «liberté individuelle» ne peut concerner que des actes personnels qui n’ont pas d’incidence sur la liberté et les droits des autres.

J’ai la liberté d’écouter la musique que je veux. Par contre, je n’ai pas la liberté d’écouter de la musique à tue-tête toute la nuit. Dans ce cas, on aura d’ailleurs plutôt pour habitude de dire: «je n’ai pas le droit d’écouter de la musique à tue-tête toute la nuit.» Parce qu’on comprend bien que je n’ai pas le droit de déranger mon voisinage au nom de «ma liberté individuelle».

De même, j’ai la liberté de rouler en vélo, dans la mesure où je respecte le code de la route. Mais je n’ai pas la «liberté individuelle» de rouler en vélo sur l’autoroute. Dans ce cas, la police m’arrêtera, me donnera une amende et me dira que, par mon attitude, non seulement je mets en danger ma propre vie, mais aussi celle des autres.

C’est exactement le cas du «suicide assisté» qui, comme son nom l’indique, implique d’autres personnes qui vont devoir m’assister. Je ne suis pas seul: quelqu’un doit préparer la potion létale, des médecins doivent se prononcer, du personnel soignant ou administratif est forcément impliqué puisqu’il faut organiser ma mort dans un lieu public, quelqu’un doit me donner le poison, la police et le médecin légiste doivent venir constater ma mort, etc. Toute la société est impliquée jusqu’au législateur qui doit faire une loi pour me permettre de me donner la mort dans un lieu public.

La liberté individuelle est la liberté que chacun peut exercer séparément des autres citoyens, que chacun peut exercer seul (liberté de conscience, liberté d’aller et de venir). Il faut vraiment faire preuve de malhonnêteté intellectuelle pour prétendre que le «suicide assisté» est une «liberté individuelle».

D’autre part, le terme de «liberté individuelle» n’existe pas dans la Constitution suisse. La Constitution suisse parle de liberté personnelle et ce n’est pas un hasard si cette liberté est étroitement liée à la vie, pour preuve le titre même de l’article 10 de la Constitution: Droit à la vie et liberté personnelle.

L’alinéa 1 de l’article 10 instaure le droit à la vie, tellement bafoué par l’avortement, et interdit la peine de mort: «Tout être humain a droit à la vie. La peine de mort est interdite» (Art. 10. Alinéa 1). Le «suicide assisté» n’est-il pas une peine de mort que je m’inflige à moi-même? Pour cause, le pentobarbital utilisé par le candidat au suicide est le même qui était utilisé dans le couloir de la mort, aux États-Unis, pour tuer les condamnés à la peine capitale. Je meurs donc comme un condamné à mort qui a commis les pires crimes. Vous avez dit «mourir dignement»?

L’alinéa 2 de l’article 10 lie la liberté personnelle avec l’intégrité physique, psychique et la liberté de mouvement: «Tout être humain a droit à la liberté personnelle, notamment à l’intégrité physique et psychique et à la liberté de mouvement» (Art. 10. Alinéa 2). Le suicidé n’a plus ni l’un ni l’autre. Sa pseudo «liberté» s’arrête au moment où il pose l’acte de se tuer.

On peut encore rappeler le préambule de la Constitution: «sachant que seul est libre qui use de sa liberté» pour démontrer l’absurdité de la «liberté» évoquée pour se donner la mort. Un mort peut-il encore exercer une quelconque liberté? Vous l’avez compris, seul un homme vivant peut user de sa liberté. En aucun cas donc, la liberté ne peut être exercée pour se donner la mort. C’est contraire au principe même de liberté.

Olivier Dehaudt
président de Choisir la Vie


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